2007年9月16日星期日

Still Life de Jia Zhangke

Le 9 Septembre,2007
LONG Sui Yang
M1 de l’Art de l’enregistrement
Rattrapage de l’UE 1 Esthétique cinématographique
Objet : Dossier Critique

Cinq ans plus tôt, j’ai passé quelques journées avec mes amis en voyageant à pied dans la vallée de Trois Gorges, le plus beauté de l’endroit de la Chine, qu’il est connu non seulement par son paysage, mais aussi par son histoire longue. C’était le délai pour visiter le vieux village de Fengjie, qui va bientôt engloutir par les eaux. Mais, la vérité nous a vraiment choqué ! Grand désordre, tristesse nous a forcé d’échapper ce sinistre. Il n’a plus de souvenir de beauté pour moi, jusqu'à la sortie de still life de Jia Zhangke en 2006, la mémoire de la tristesse est retombée dans mes yeux, où Jia a absolument réfléchi plus profond.

Fengjie, ville de la Chine centrale bâtie sur les bords du Fleuve Yangzi, se situe dans la vallée des Trois Gorges, en amont du plus grand barrage du monde --- le barrage des Trois Gorges. L'histoire en fait est dédoublée, deux histoires, Sam Ming (Han Sanming) débarque donc dans cette ville chantier pour retrouver son ex-femme et sa fille qu'il n'a pas vu depuis seize ans. Aujourd'hui, l'immeuble, la rue, le quartier où elles ont vécu ne sont plus qu'une tache engloutie sous les eaux du barrage. Il erre donc dans le chaos de Fengje entre arnaques, débrouilles, rencontres amicales et petits boulots, en attendant que le bateau où travaille désormais sa femme revienne à Fengjie. De son côté Shen Hong (Zhao Tao) n’a pas vu son mari depuis deux ans et arrive également à Fengjie dans l’espoir de le revoir. Un ami de son mari lui servir de guide dans les méandres de cette ville à la chaleur poisseuse. Au coeur d'un gigantesque chantier qui entraîne la destruction de villages entiers et les déplacements de population, un homme et une femme partent à la recherche de leur passé, en quête de leurs amours perdues.

En effet, Jia Zhangke a filmé Dong et Still life dans le même temps, alors qu’il réalise d’abord un documentaire sur le peintre Liu Xiaodong (Dong) qui a peint le fameux barrage des Trois Gorges, le réalisateur le suit dans sa quête géographique. Le plasticien se rend dans la région des Trois Gorges pour commencer un diptyque qu’il achèvera à Bangkok en Thaïlande : deux grands formats en regard, des démolisseurs en sueur et des jeunes filles alanguies, peut-être des prostituées. Frappé par le paysage de Fengjie, par ces images d’immeubles en destruction, Jia Zhangke décide de poursuivre son travail par un deuxième film, non plus un documentaire, mais une fiction (Still life) pour traduire ces bouleversements urbains sur l’intimité des Chinois. Jia a dit « Quand je me trouve dans une de ses maisons modestes, je suis très touché par des objets qui, de toute évidence, n’ont jamais bougé. Ils me donnent le sentiment très fort du temps et aussi de quelque chose qui continue, qui persiste et qui contraste avec les mutations et les bouleversements de la Chine contemporaine. Ces hommes, ces femmes du peuple, je les vois isolés, solidaires, délaissés ».

Still life, le titre transforme en anglaise, est nommé effectivement Shanxia Hao Ren en chinoise, qui se présente bon(s) homme(s) des Trois Gorges. Alors, un double sens du titre nous appairait : Qui survit (still life) ou bien qui vit comme nature morte? Qui est bon homme, ou bien qu’est-ce qu’on veut dire un bon homme? Une réalité se présente au fond.
Rarement il nous a été donné de voir un tel lieu : une ville engloutie par les eaux et qui se vide de ses habitants, relogés un peu plus loin sur les hauteurs des montagnes alentour, ou carrément dans d’autres provinces. Le barrage des Trois Gorges n’est pas une simple entreprise : longue de 2309 mètres pour une hauteur de 185 mètres, il crée une retenue d’eau de 39 milliards de mètres cube. Cette construction entamée en 1994 symbolise aux yeux du monde l'ambition chinoise, mais aussi le coût inhumain que sa conversion à l'économie de marché fait payer à son peuple et à sa tradition : plus de 1.4 million de personnes déplacées, des centaines de villes et de sites archéologiques submergés.

Si Dong « suit le peintre dans une ville en démolition à une cité tropicale en traquant la même nature humaine et quelque chose de l’Asie d’aujourd’hui », Still life nous plonge si humain, mais si déshumanisé également, des populations déracinées par la construction du géant. Et il défait tout cela dans un urbanisme, en touchant inéluctablement l’histoire de la Chine et symbolisant son mouvement.
Fengjie voit se superposer ville traditionnelle, immeubles récents, ruines en déconstruction, vestiges engloutis et usines désaffectées, le tout dans un foisonnement de couleur et d’architecture digne des plus grands décors de cinéma, sauf qu’il s’agit bien d’une réalité. Alors, le vieux village de Fengjie est déjà sous les eaux, le marquage de l’inondation atteignant un peu plus de 156 mètres : elle n’est plus qu’un entrelacs urbanistique où ce qui était repérable sur une carte s’échoue au fond d’un lac. La substitution d’un élément à l’autre, de la terre à l’eau, modifie les représentations géographiques des personnages et leur fournit un alibi pour se fondre dans la nature.

Afin de construire ce barrage, des ouvriers qui les avaient vu construire quelques dizaines d’années auparavant, maintenant, s'emploient à détruire à coup de masses les grands immeubles modernes à l'inimitable style socialiste chinois. La métaphore est limpide d'un certain chinois qui se désagrège au profit d'un autre chinois, qui s'enrichit, à l'image du mari de Shen Hong, un officier sans scrupule. Le départ accéléré des habitants, est autant d’images de la perte de repères tant concrètes que symbolique de cette rapidité déconcertante et de cette mobilité typiquement chinois. Explique par Jia Zhang Ke, « il y a une grande ironie puisque c'est un même mouvement en réalité. On construit une ville, on la détruit, tout cela dans un temps finalement très rapide à l'échelle d'une vie. Il y a cette vitesse très voire trop rapide, du développement en Chine. Ce n'est d'ailleurs pas un discours politique par rapport à une censure. Ces scènes se passent réellement et la dimension symbolique évidente fait partie de cette réalité là. Je n'ai rien inventé. Je me contente d'être là, de capter ce moment. »

Mais Still Life n'est pas pour autant une chronique à charge sur le changement. Toute sa force tient au contraire dans son ambiguïté, qui prend esthétiquement le parti de cette métamorphose pour à la fois en célébrant l'élan, en observer les beautés, en stigmatiser l'inhumanité. Au fond, le lot commun de tous ces personnages reste indéniablement la solitude. Qu'ils vivent en groupe dans une sorte de foyer communautaire comme le mineur de Still life, Jia Zhangke souffre systématiquement d'une sorte d'isolement qui les empêche de se sentir membre de la société où part du monde dans lequel ils évoluent. Le million de déplacés, ce sont des êtres en marge, rejetés hors de leur ville natale.

Comme toutes les œuvres de Jia Zhangke, il marque toutes les métaphores dans chaque détail du film. Jia précise « il y a cette beauté naturelle d'un côté et puis une certaine beauté de la destruction de l'autre. La première fois que j'ai vu la destruction des bâtiments, j'ai vraiment ressenti que cela signifiait la fin de quelque chose, mais aussi le début d'une nouvelle ère. » Voici quelques passages impressionnants qu’on retrouve.

La corruption et l'anarchie semblent partout, symbolisées par l'omniprésence de l'argent. À peine débarqué, San Ming est conduit de force à assister à un tour de magie minable, qui consiste à transformer des euros en yuans ; et quand le gorille se rend compte qu'il n'a pas d'argent, il lui lâche un « salaud de pauvre ! ». À la télé, l'acteur d'un sitcom hongkongais allume son cigare avec un billet de cinq dollars, et quand ils comparent les beautés de leurs régions, les ouvriers démolisseurs ont recours aux dessins de leurs billets.
On voit aussi des hommes passer et marquer à la peinture des immeubles d'un sigle « à démolir », ce sigle de caractère chinois est en fait s’aperçoit par tout en Chine, ce qui est devenu un symbolique de brutalité, auquel on est incapable de résistance.

Semblablement, l’image du seul ordinateur qui recense les nouvelles adresses des personnes déplacées est en panne, alors que dans le couloir de cette administration des personnes vocifèrent contre l'inégalité de traitement indigne de l’état, mais tous les chinois savent que ces activités réels ne sont jamais utilizable.

Un autre passage : Au moment où les ouvriers payés des dizaines de yuans (RMB) la journée en pleine chaleur, l’auteur semble cependant apporter une vision plus neutre, un constat net : les bâtiments sont détruits, le paysage change, mais les hommes restent. Seuls leurs corps subissent les effets du temps.

Le film est ponctué de mots, grâce à ce qui inscrit à l’écran : du vin, des bonbons, du thé et des cigarettes ; ceux qui tels de petits cailloux dans nos poches nous renvoient au réel, Jia Zhangke nous parle de la vie qui résiste malgré les destructions réelles, et des relations humaines subtiles n’ont jamais changé.

Puis, on voit à Fengjie, San Ming travaille comme démolisseur d’immeubles pour un salaire dérisoire, tandis que les responsables des travaux s’amusent à illuminer de gigantesques viaducs pour le plaisir de leurs invités. Jia nous révèle le pouvoir d’un officier commun chinois dans une manière d’humour.

Même la vie privée se monnaie, et quand le jeune homme avec qui Han San Ming se lie d'amitié interroge San Ming sur son mariage et découvre qu'il a payé pour trouver une épouse, il réplique « C'est normal, on a plus de femmes que d'hommes, on en vend beaucoup ». Et là encore, Jia Zhang Ke résume cette marchandisation de l'humain en un plan quasi subliminal. ça sens pour nous, les chinois, « Rien n’est surprise ».

En plus, il y a quelque chose symbole à l'image de ce dialogue : « Où est ma fille ? », « Elle travaille dans le sud », « Ce n'est pas ici, le sud ? » , « Oui, mais elle, elle est au sud du sud ». ----Tel loin du sud pour les mineurs, même si le sud de la Chine se présente un lieu de l’espoir.

Aussi un passage d’un moment, le jeune homme avec qui San Ming se lie d'amitié et qui profite des travaux des Trois Gorges pour se faire de l’argent, lui déclame tout haut la tristesse des petites gens auxquels Jia Zhangke consacre effectivement: « La société d'aujourd'hui n'est pas faite pour nous, nous sommes trop nostalgiques », avant de reconnaître qu'il ne faisait que citer Chow Yun Fat, dans un film d’Hong Kong. Ce flottement urbain dissimule autant qu’il révèle, les personnages se masquent. En plus, il semble que cette parole classique corresponde aux gens, qui vivent dans cette période de post-révolution culturelle de tout pays entier, ce qui n’ont plus facilement retrouvé leurs passés. La racine des chinois envole, nous, les chinois entiers, comme cette communauté de migrants de Trois Gorges, que reste-il pour nous?

Mais si la nostalgie est perceptible, le regard des deux héros se tourne vers l'avenir. Et ce beau film laisse place à l'espoir, se concluant sur l'image d'un funambule, réel ou imaginaire, qui passe entre deux immeubles.

Cette fois, Jia nous montre quelque passage surréalisme dans ce film qui est absolument réalisme, où il émerge tout son génie. Nous avons pu voir un immeuble de 5 étages s'envoler telle une fusée; l’image d’un UFO se vole au ciel; puis une rencontre de deux êtres dans un immeuble en délabrement, en destruction avancée, des retrouvailles avec immeuble ouvert et démolition lointaine; et le dernier moment, un équilibriste qui se surpasse et tel un être hors de ses limites marche dans le ciel ouvert et aussi le pont, dont nous avons parlé, qui s'illumine dans la nuit…Tout indique dans ce film que le seul parti de Jia Zhangke est précisément celui de l'équilibriste, de cet homme du temps présent tel que le vieux monde l'a abandonné et tel que le monde qui vient semble l'oublier. Au fait, même si tout semble surréaliste, le réel est des quartiers entiers disparaissent sous les eaux, personne ne reste très longtemps à la même place, chacun étant potentiellement un migrant. Alors à quoi se raccrocher ?

La fin du film, une dure réalité de la vie des démolisseurs, qui vont d'un endroit à l'autre pour trouver du travail, sans domicile fixe, n'empêche pas Jia Zhangke de poser sur eux un regard misérabilisme. Still Life, c'est un titre qui intrigue mais dont on comprend le sens après coup : est-il encore possible de survivre à ce film ? grâce au rythme du film est particulièrement lent avec de longues séquences sans dialogue, qui sera le principal reproche fait au film avec le manque de lien entre les personnages qui perturbe la lecture de l’œuvre,le sentiment au film qui non que la solidarité n'existe pas dans ce film, mais il s'avère la plupart du temps insuffisante : le jeune homme avec lequel Han San ming se lie d'amitié est finalement tuée par accident. Le jeune archéologue qui aide Shen Hong à retrouver son mari est impuissant face à sa détresse. La chaleur humaine est peu de chose face à la réalité glaciale et inéluctable, montre le réalisateur. même si on ne peut pas bien comprendre tous le génie nous montrer, grâce à une émotion froide, ce film est réussi à nous étreindre au travers des parcours de personnages attachants, tristes et nostalgiques.

Sans doute, Still Life est au sommet du cinéma chinois, avec une mise à distance en intériorisant tous les symboles, qui reste une expérience rare et enrichissante : ouverture et style, beauté et réalisme, touche personnelle et sensible, recherche au fond comme l’œuvre politique, dont la planification limite dictatoriale et le capitalisme rampant deviennent les thèmes du cinéma chinois enfin en phase avec le quotidien.


Filmographie de JIA Zhangke

1995 --------- Xiao Shan Going Home – Court-métrage - Réalisateur, scénariste
1996 --------- Du Du – Court-métrage - Réalisateur, scénariste
1997 --------- Xiao Wu - Artisan pickpoket - Réalisateur, scénariste et producteur
2000 --------- Platform - Zhantai - Réalisateur et scénariste
2001 --------- Plaisirs inconnus - Ren xiao yao - Réalisateur et scénariste
2003 --------- All Tomorrow's Parties de Yu Lik Wai, directeur de la photo - Producteur associé
In Public – Documentaire - Réalisateur
2004 --------- The World - Shijie - Réalisateur et scénariste
2006 --------- Dong – Documentaire - Réalisateur
Still Life - Sanxia haoren - Réalisateur et scénariste

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